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dimanche 17 juin 2012

Les procédures de la BNS à nouveau mises en cause dans une affaire de délit d’initiés


La BNS a dit revoir ses procédures après que des indices de trading sur information privilégiée aient fait surface ce lundi 11 lors d’une diffusion sélective à des journalistes du contenu d’un rapport prudentiel sur les grandes banques du pays .
Ce jour là, alors que le rapport tenu sous embargo jusqu’a jeudi insistait sur la nécessité pour le no 2 Crédit Suisse d’augmenter ses fonds propres, le volume d’échange d’options put de prix d’exercice CHF 19 sur CS a bondi à 4250 contrats contre une moyenne de 400 et quelques contrats par jour durant le mois passé (source :Bloomberg). Ces puts sont passés d’une valeur de 26 centimes à 2 francs jeudi lorsque CS s’est effondré de 10% sur le coup de la conférence officielle de la BNS. Les insiders qui utilisent souvent les options pour maximiser leurs gains assurés ont ainsi engrangé illégalement un gain de plus de 600 % .

Comme dans l’affaire Hildebrand, ce sont les procédures de l’institut d’émission helvétique qui sont mises en cause. Pour rappel , le Président de la BNS forcé à démissionner en ce début d’année à la suite de l’affaire des achats de dollars de son épouse, n’avait pas enfreint les règles internes de la BNS. Son épouse a d’ailleurs aussi été « blanchie » par un récent rapport de KPMG. Ce sont ces régles internes, qui n’étaient pas aux standards d’autres banques centrales, qui permirent à Philipp Hildebrand de commettre le faux pas qui lui a coûté sa carrière de banquier central. Hildebrand que certains ont accusé de « spéculer » alors qu’il s’apprétait à intervenir pour affaiblir le franc , n’avait effectué semble-t-il qu’une simple augmentation de la pondération du dollar dans son portefeuille, bien loin d’une position à effet de levier comme tout spéculateur en devises. Une opération qu’on peut presque qualifier de routine mais dont le timing était inapproprié pour une personne de sa position . Les nombreux ennemis de Hildebrand dont le principal tort fut d’errer en intervenant trop tôt sur le franc en 2010 - causant d’énormes pertes à la BNS (21 Mds en 2010) et une volatilité accentuée du franc – ne ratèrent pas l’opportunité de le forcer à la démission.

Pour en revenir au dernier « couac » de la BNS, on peut se demander les raisons de cette pré-conférence de presse traditionnelle (son objectif est-il de réduire la volatilité des cours des banques sous examen ? ) et surtout les raisons pour lesquelles les 30 journalistes y assistant n’ont pas à signer un accord de confidentialité. Le rapport fut aussi diffusé sélectivement à UBS et CS , CS affirme que les cadres mis au courant du rapport sont hors de soupçons.


La répression du délit d’initié en Europe : encore et toujours une farce


Cette affaire singulièrement fait les manchettes des journaux alors que la Suisse s’apprête à durcir la répression du délit d’initié pour se conformer aux recommandations du GAFI . La répression de cette criminalité en col blanc a en effet été quasiment non existante en Europe jusqu’à présent . En Suisse par exemple où le secret bancaire complique encore un peu la tâche des forces de l’ordre, jusqu’à présent ceux qui s’en rendent coupables ne risquent que …. 3 petites années de prison (ce qui devrait passer à … 5 ans ). Et encore , il faut que le gain dépasse 1 million ! Aujourd'hui tout automobiliste  en Suisse risque une peine plus sévère simplement pour avoir le pied lourd .

Quant on sait le peu de poursuites qui sont intentées , même 5 ans ne peuvent dissuader quelqu’un pouvant gagner plusieurs millions d’une opération illicite. Aux Etats-Unis Rajat Gupta, l’ex directeur de Goldman Sachs et partner chez Mc Kinsey vient d’être condamné pour insider trading dans l’affaire Galleon (Rajaratnam) il risque 25 ans de prison  pour avoir transmis des informations obtenues lors de comités de direction à Rajaratnam. Ceux qui transmettent de l’information ne risquent rien en Suisse .  Quant à Rajaratnam, le gérant du hedge fund Galleon il a été condamné l’année passée à 11 ans de prison .


Raj Rajaratnam aurait dû baser son hedge fund en Europe , il serait encore en train de célébrer ses coups juteux

Y a-t-il un Procureur Bahara en Europe ? Seul l'écho répond ....